2021 a été très productive chez Brownfields. Quels sont les faits marquants de cette année ?
Yann Doublier : Nous avons eu une grosse activité de développement foncier en 2021 puisque nous avons acquis 84 hectares de friches, pour moitié en Ile-de-France, 35% en province et 15% en Belgique. Nous prévoyons d’y construire 3700 logements et 85 000 m2 d’activités et de bureaux. Cela représente un chiffre d’affaires futur d’1 milliard d’euros.
Patrick Viterbo : C’est un développement exceptionnel dans le contexte actuel. Notre modèle intégré, qui se concentre sur le redéveloppement de sites complexes, nous permet d’accéder à du foncier différemment, alors que les acteurs traditionnels de l’immobilier peinent à sourcer la « matière première ».
L’an dernier, nous citions 2021 comme une année de lancements……
Y.D : Oui, les projets en cours avancent bien. Les cinq les plus emblématiques ont obtenu leur PC. A Suresnes, avec Vinci Immobilier, nous allons transformer une ancienne tour de bureaux en appartements, résidence de coliving et hôtel. A Paris, dans le 18e, avec Linkcity, nous développons 26 000 m2 de logements, un véritable morceau de ville avec des commerces, des bureaux, des jardins… Dans le 17e arrondissement, nous avons un très beau projet de bureaux dominant le périphérique, qui intègre notamment une ferme aquaponique. Toujours en Ile-de-France, à Courbevoie, avec Emerige et Interconstruction, nous avons débuté la construction d’un projet de 500 logements et une piscine municipale. Enfin, à Marseille avec Ogic, nous avons débuté le chantier d’un nouveau quartier de 400 logements commerces et équipements publics en lieu et place de la clinique du parc, située dans le 10e arrondissement. Tous sont exemplaires en termes d’impact carbone, de revégétalisation… Concernant les commercialisations, nous avons vendus 2000 logements en 2021, au détail ou en bloc.
2021, c’était la loi Climat, les arbitrages sur la RE2020… Comment avez-vous accueilli ces changements ?
P.V : Nous sommes très contents de voir que le modèle que nous avons mis en place il y a quinze ans est devenu aujourd’hui une norme, une obligation. Pour beaucoup d’acteurs de l’immobilier, la loi Climat est une contrainte. Pour nous, c’est le quotidien. Nous sommes une société à artificialisation négative. Pour exemple, les 84 hectares de friches que nous avons maitrisés en 2021 représentent 168 hectares d’espaces naturels préservés, selon la méthode de calcul du Fonds Friches. A ce jour, nous cumulons 665 hectares d’espaces préservés. Nous voulons avoir un impact positif fort sur les sites, les villes dans lesquels nous intervenons. La loi Climat et la RE2020 faisaient déjà partie, en quelque sorte, de notre Adn.
La foncière des générations fête sa première année. Un premier bilan ?
Y.D : Elle a acquis ses deux premières résidences gérées à Bourg-en-Bresse et Villejuif. Avec les 3 signatures de Chartres, Suresnes et Montpellier prévues en 2022, nous aurons employé 45% de la valeur du fonds.
Quels objectifs pour 2022 ?
P.V : Nous allons continuer le développement de notre modèle intégré, qui repose sur cinq savoir-faire : Acquisition et portage foncier, Dépollution, Aménagement, Développement immobilier, Détention d’actifs. Le fonds Brownfields 3 arrivant à terme, nous allons lancer le fonds 4, avec des moyens financiers renforcés. Notre objectif pour 2022 est de maîtriser des fonciers pour un potentiel d’activité de 1,5 milliard d’euros. Soit 50% de plus que l’année passée.
Y.D : Néole va continuer à monter en puissance avec un objectif de vente de 2000 logements et la commercialisation de 40 000 m2 de bureaux et activités. En 2022, Néole réalisera une activité de promotion de 200 millions d’euros en quote-part. Nous devrions monter à 300 millions en 2023 et 400 millions en 2024. Les lancements commerciaux vont aussi s’intensifier. On peut retenir ceux de Colombes (92) et du Blanc-Mesnil (93) avec 400 lots chacun, 300 lots à Senlis (60), 200 à Champigny-sur-Marne (94).
Et concernant la détention d‘actifs ?
Y.D : Le développement de la détention d’actifs est bien sûr l’une de nos priorités. Nous avions déjà la Foncière des Industries, qui a pour vocation première de proposer des solutions locatives pour les entreprises au sein des Parcs d’Activités que nous avons construits. La Foncière des Générations monte en puissance, pour offrir aux collectivités les types d’habitat dont elles ont besoin, avec toutes les garanties de pérennité qu’elles peuvent attendre. Enfin, nous sommes en train mettre en place la Foncière de Logistique Urbaine, qui va apporter des solutions de proximité aux territoires et aux entreprises. Comme pour les deux précédentes, cette foncière aura pour objectif de faciliter les projets, de répondre à des besoins de détention identifiés, au-delà du seul portefeuille d’actifs.
Dans un contexte de crise sanitaire, d’urgence climatique, que peut attendre le marché de cette année ?
P.V : Il doit s’adapter au changement, rapidement. L’ensemble des acteurs de la ville doit changer de paradigme. Il y a l’évolution des modes de vie, accentuée par la crise sanitaire, qui crée de nouveaux usages. Il y a le réchauffement climatique qui se fait plus pressant. Le Fonds Friches, les nouvelles lois et réglementations vont dans le bon sens. Nous en sommes le parfait exemple. Notre modèle intégré montre qu’il est possible de mettre l’impact environnemental au cœur de nos activités sans renoncer à une économie saine. Les promoteurs peinent à trouver du foncier, les investisseurs à long terme ont du mal à identifier les bons actifs. La réhabilitation de friches est un outil très efficace pour créer des opportunités foncières, des opportunités d’investir, des opportunités de régénérer les villes durablement.